Italie du sud

Mai 2017 Italie du sud

Comme on l’espérait le soleil nous accueille à Naples. Pas de valise perdue….nous voici partis pour un tour panoramique de la ville en bus. Certains quartiers laissent l’impression de délabrement ; la brume s’invite pour l’arrêt photo avec la baie de Naples et le Vésuve.

Fondée il y a 25 siècles par les Grecs, la ville a connu successivement l’occupation des Romains, des Arabes, des Angevins, des Aragonais, des Bourbons d’Espagne, de Napoléon puis le retour des Bourbons. La ville, qui fut capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles, garde les traces architecturales de toutes ces civilisations. Riches de l’or sud-américain, les Bourbons ont beaucoup investi dans l’art. Le premier chemin de fer italien est construit dans la région. Sa région est puissante et riche au XVIIIème siècle, son déclin commence en 1860 avec l’unité italienne et l’industrialisation du nord de l’Italie. Naples est aujourd’hui la troisième ville du pays.

Les crises économiques ont généré de nombreuses vagues d’émigration. Indissociable de la ville, la chanson napolitaine est connue du monde entier grâce aux émigrés. Autre « spécialités locales », la pizza inventée à Naples pour la reine Margarita et le café, un prétexte pour discuter une heure avec un ami.
Après le repas (pizza bien sûr !!) visite du centre historique puis du centre religieux de la ville.

Dans le centre historique, sur la grande  place du Plébiscite, est situé  le Palais Royal, édifié en 1600 et orné des statues des rois plus importants. A quelques minutes de là se trouve le Castel Nuovo construit pour Charles 1er d’Anjou au XIIIème siècle.
Parmi les innombrables églises de Naples, nous visitons  celle de Gésus Nuovo au riche décor baroque, et dont le fond de l’église est recouvert d’un immense tableau, puis Santa Chiara, église du XIVème siècle qui subit des bombardements et fut restaurée dans un style simple et dépouillé.

La fatigue se fait sentir car la journée fut longue depuis notre lever en pleine nuit. Heureusement les beautés de la presqu’île de Sorrente nous tiennent éveillés ; notre hôtel est au milieu des citronniers, orangers et autres cédrats!!

Heureusement la nuit fut réparatrice car la montée du Vésuve nous attend ! Chacun à son rythme, nous sommes parvenus jusqu’au bord du cratère où un guide local nous présente le célèbre volcan. Avant l’éruption de l’an 79 qui détruisit Pompéi et Herculanum, sa hauteur était de 2800m alors que de nos jours elle n’atteint que 1280m. Son cratère est un trou béant de 400 m de diamètre. Il a connu de nombreuses éruptions, la dernière en 1944 ; les pierres, en retombant sur la lave chaude ont créé un bouchon étanche au fond du cratère.
Une petite photo pour les toujours jeunes retraités qui ont fait la grimpette et ils sont nombreux !!

L’après-midi est consacré à la visite de Pompéi.
La ville de 25 000 habitants était immense, le déroulement de l’ensevelissement sous les cendres lors de l’éruption du Vésuve en 79 nous est connu grâce au texte de Pline le Jeune. Pendant 17 siècles, les vestiges restent protégés dans leur linceul de cendre. Premières fouilles en 1748 mais la restauration n’a commencé qu’en 1924 et les fouilles se poursuivent toujours. Les rues pavées de belles pierres blanches ont une largeur de 1,43m (ces dimensions ont été reprises pour les voies de chemin de fer). Les passages piétons surélevés et les passages de roues de charrettes sont remarquables.
Les maisons ont toutes le même plan : entrée, salle principale avec l’impluvium au centre, les chambres tout autour. Parmi les nombreux lieux visités, citons un bistrot, les thermes pour hommes et les thermes pour femmes, le lupanar dont les hauts de portes s’ornent de fresques érotiques vantant les spécialités de leur occupantes, le forum…. De belles mosaïques ornent le sol et les murs des maisons, certaines sont des reconstitutions, les originaux sont protégés dans des musées (dont celui de Naples visité en fin de séjour).
Pour clore cette journée, visite d’une fabrique de limoncello qui utilise les épais zestes des citrons pour la liqueur.

Le dimanche est journée « sans croisiéristes », c’est le bon jour pour découvrir Capri la belle.
Autrefois rattachée au continent, l’île aux côtes abruptes  en est aujourd’hui éloignée de 5km.
L’île a connu l’occupation des grecs, des romains (Tibère y est mort), une période agitée d’attaques de pirates jusqu’en l’an mil où les papes appellent les Normands, puis les Souabes, les Angevins, les Aragonais…..Elle devient destination touristique au XIXème siècle quand les écrivains et artistes l’incluent dans le Grand Tour, puis vers le milieu du XXème les hordes de touristes l’envahissent.
L’église St Étienne de Capri abrite le reliquaire de St Constanzo, patron de la mer, offert par Jeanne d’Anjou, qui sera porté en procession en ce jour de mai de fête de la mer.
Les Jardins d’Auguste abritent de beaux massifs mais aussi de nombreuses poteries romaines.
La via Krupp nous permet  d’admirer les célèbres rochers symboles de l’île et un magnifique panorama.
Nous gagnons les hauteurs de l’île vers Anacapri où Axel Munthe, botaniste, écrivain et médecin de la famille royale de Suède, construisit la belle villa San Michèle, reliée à la mer par un escalier de 999 marches creusé dans la roche.
Après le repas nous faisons le tour de l’île en bateau ; à nous les petites criques rocheuses, les belles grottes creusées dans le calcaire, le passage dans la roche percée, la vue sur la villa Malaparte juchée sur son rocher et où fut tourné le film Le Mépris avec Brigitte Bardot…..

Après les splendeurs de la très touristique Capri,  nous découvrons le charme authentique de la plus petite île de la baie de Naples, Procida Nous parcourons les étroites ruelles moyenâgeuses à bord de taxis dont un « micro taxi » à  3 roues qui secoue bien ses occupants !!
Les ruelles sont bordées de hauts murs qui cachent bien les maisons et leurs jardins. L’île peuplée depuis 1026, longtemps occupée par un monastère bénédictin, fût abandonnée par peur des invasions sarrasines. Les évêques commandèrent la construction de l’église dédiée à St Michel Archange, car il serait apparu pendant une invasion. Une guide bénévole nous fait découvrir le chœur en bois, le plafond à caissons  du XVIIIème siècle, la crèche tout en coquillages, le St Michel en argent….

Petite halte près des canons pour admirer le port aux maisons multicolores qui servirent de décor pour le film le Facteur avec Philippe Noiret dans le rôle de Pablo Neruda. Encore quelques arrêts pour admirer le magnifique panorama.

Après le repas sur le port, retour sur le continent pour aller voir le volcan actif de la Solfatare.
Au cœur des champs Phlégréens, dans la chaine de volcans, l’odeur de soufre nous guide.  Ancienne station thermale, elle offre à nos yeux étonnés des vapeurs gazeuses à 80°, la grande fumerolle dont la vapeur atteint 160°, le bourbier bouillonnant à 140°, les blocs de lave jaune orangé. Notre guide dit « Mitraillette » en raison du débit rapide et intense de ses commentaires, active la fumée à l’aide d’un cornet de journaux. Ce volcan est la soupape de sécurité du Vésuve.

Une autre belle journée nous attend avec la route en corniche de la Côte Amalfitaine.
Découverte au XIXème siècle lors du Grand Tour des aristocrates et artistes en vogue, elle est encore le lieu de prédilection de nombreux artistes célèbres, dont Sting ou Sophia Loren, qui goûtent, outre la splendeur des paysages, la tranquillité des criques accessibles seulement par la mer. Rudolf Noureev était propriétaire des trois ilots  à quelques encablures de la côte.
Nous admirons le magnifique village de Positano, niché au creux d’une crique, aux toits couverts de dômes, mais impossible d’y stationner.

Amalfi fut la première république maritime indépendante.
Nous y dégustons un délicieux jus de citrons et oranges pressés sous nos yeux.
Très belle église commencée en 900, terminée en 1900 !! Ce long temps de construction explique les divers styles néo-gothique ou  mauresque, cumulés, le portail est en bronze.
Le cloître du paradis est décoré d’un mélange de baroque et rococo, de 120 petites colonnes de style oriental.
La basilique est très sobre, une seule nef de style roman et un chœur dépouillé orné d’un crucifix suspendu.
La crypte richement décorée, aux plafonds ornés de fresques magnifiques abrite les reliques de St André.
La cathédrale a une décoration baroque aux marbres polychromes et riche plafond à caissons.
Une petite heure de navigation nous permet d’admirer la côte sous un angle différent ; les hôtels de luxe et belles maisons s’accrochent aux rochers abrupts.

Après le repas, visite de la belle villa Rufolo de Ravello qui eut de nombreux hôtes célèbres, dont Wagner, des papes et autres têtes royales. La construction de la villa  débute au XIIIème siècle et son architecture est influencée par les styles gothique, arabe  et normand.
Dès l’entrée on admire de superbes arcs entrelacés et un cloître aux arches mauresques.
De ses beaux jardins étagés, la vue est imprenable sur le golfe de Salerne.
La route en corniche étant à sens unique, nous regagnons notre hôtel par une route différente.

Le Palais Royal de Caserte, est construit à la demande du roi Charles de Bourbon, mis sur le trône d’Espagne par son grand-père Louis XIV. Rien d’étonnant donc que ce palais royal s’inspire largement du château de Versailles avec ses 1200 pièces et ses 4 cours intérieures. Le roi désirait établir sa capitale à Caserte en lieu et place de Naples. Le palais royal reçoit un million de visiteurs par an.

Dès l’entrée, Héraclès nous accueille appuyé sur le lion de Némée.
La chapelle Palatine fut inaugurée en 1784, bombardée lors de la seconde guerre mondiale, ses colonnes en gardent toujours la trace.
La visite des appartements royaux débute par la salle des gardes du corps décorée du lys angevin. Nous traversons une série de magnifiques salles ; les statues de marbre de la première évoquent la force, celles dorées de la seconde, la justice, la salle du trône est de style empire car décorée lors du règne de Joachim Murat. Tous les rois de Naples et des Deux Sicile y sont représentés sauf Joseph Bonaparte et Joachim Murat considérés comme usurpateurs par les Bourbons.
Le sol de marbre est polychrome, le marbre noir est d’époque romaine alors que le clair est du XVIIIème siècle.
Le plafond de la salle du trône représente l’inauguration du château en 1752, avec le roi et la reine, l’architecte y tient le papyrus.
On admire encore la chambre de Murat au mobilier empire, les berceaux de naissance des enfants royaux Bourbon, la bibliothèque….
Les dimensions du parc sont aussi démesurées et nous prenons la navette pour admirer les bassins aux nymphes et les cascades tout au bout du grand canal.
Repas au restaurant de l’hôtel Vanvitelli, du nom de l’architecte du château royal, la décoration du hall d’entrée est superbe.

L’après-midi est consacrée à la visite d’un autre lieu mythique, Herculanum.
Beaucoup moins étendue que Pompéi, la petite ville était la villégiature, en bord de mer, des riches romains.
Située au pied du Vésuve elle fut détruite en 79, envahie par une coulée de lave et de boue qui s’est solidifiée sur une hauteur de 16 mètres, lui assurant une étonnante conservation des végétaux, étoffes, édifices en bois, des étages supérieurs qu’on ne retrouve pas à Pompéi.
On y voit les arcades des abris portuaires qui s’ouvrent sur la plage, où furent retrouvés 300 squelettes humains et leurs biens les plus précieux, car les habitants essayaient de fuir par la mer, bloqués entre les nuées ardentes, la boue et le mur d’eau du raz de marée.
Les voûtes des magasins contiennent encore des amphores. Les belles fresques des murs sont encore offertes à nos yeux, de même que le sol pavé de mosaïque.
Citons encore une taverne au comptoir recouvert de marbre, une boulangerie avec ses meules à blé et son four, la maison à la Cloison de Bois coulissante……..et j’en oublie beaucoup.
Le gigantesque Palestre a été partiellement dégagé sur la partie bassin de piscine ; l’entrée dans la voûte creusée au cœur de la boue dure comme du ciment  nous permet de mieux appréhender ce que fut cet enfouissement. Une belle vasque ornée de l’hydre de Lerne orne le bassin.
Les fouilles d’Herculanum, commencées en 1738 ont connu quelques creusements de galeries pendant le XIXème siècle.
L’ancienne plage n’a été découverte que dans les vingt dernières années, il reste encore beaucoup à découvrir.

Nous prenons la direction du sud de la Campanie, région déshéritée qui inspira à Carlo Levi, exilé politique sous Mussolini, le livre autobiographique « Le Christ s’est arrêté à Eboli » ; il estimait que la civilisation n’y était point parvenue.

La Chartreuse de Padula, au pied du village du même nom, est une des plus vastes d’Europe.
Parmi les 44 000 œuvres d’art italiennes déplacées par Napoléon, figurent celles de Padula. Il faut noter que Joachim Murat protégea les œuvres d’art de Naples. A l’inverse, Victor Emmanuel de Savoie et Cavour pillèrent l’ex royaume de Naples au profit de l’Italie du nord lors de l’unité italienne.
La multiplication des taxes déclencha une révolte à l’origine de la création des mafias.
Fondée en 1306 par Tommaso Sanseverino pour s’attirer les bonnes grâces des Angevins, la Chartreuse abritait de nombreux frères convers et peu de prêtres appartenant à de riches familles ; les habitats étaient donc de confortables appartements et non des cellules monastiques.
La Chartreuse fut laissée à l’abandon au XIXème siècle, inondée et envahie de boue. Elle servit un temps de prison et sa restauration ne débuta qu’après la seconde guerre mondiale. L’ouverture au tourisme date de 1983 seulement.
L’entrée de la Chartreuse était interdite aux femmes.
Les frères convers occupaient la partie basse qui comprenait les écuries, cuisines, jardins et magasins utiles à l’entretien.
Les chartreux contemplatifs priaient au premier étage où une galerie décorée fait le tour du cloître.
La dîme était versée aux religieux qui, en contrepartie, s’occupaient des pauvres ; à l’entrée de la Chartreuse, un tour chauffé recueillait les bébés abandonnés.
Le couvent offrait aussi l’hospitalité aux voyageurs (dont Charles Quint et son armée selon la légende de l’omelette de 1000 œufs).
La décoration est en majorité baroque, la porte de l’église est en cèdre du Liban.
Un magnifique baptistère attribué à Michel-Ange a été en grande partie reconstitué après un vol.
Le fondateur Sanseverino y a son tombeau qu’il a voulu très simple.
La Chartreuse est utilisée pour des spectacles ; encore trop peu connue des touristes, elle mérite mieux.

Le site grec de Posidonia (nom grec) ou Paestum, est fondé 7 siècles avant JC par les Sybarites originaires de l’actuelle Calabre d’où les riches commerçants ont fui après la destruction de leur ville. Leur fortune permet la construction de temples de grandes dimensions pour cette petite ville de 8 000 habitants ; la ville d’Athènes avec ses 30 000 habitants a des temples beaucoup plus modestes.
Le temple d’Athéna construit sur une hauteur, échappera aux inondations et sera modifié par les romains pour le transformer en église avec l’ajout de murs.
Les deux temples d’Héra n’ont pas subi ces transformations, car ils étaient inondés, et nous présentent comme à l’origine leurs colonnes doriques et frontons triangulaires.
Le site est idéal pour les photos souvenirs de nos deux groupes.
Les inondations ont créé des marécages, où sévit la malaria ; les temples restent enfouis sous la boue pendant dix siècles. Au XVIIIème siècle, Charles de Bourbon fait construire une route qui coupe le site et le théâtre romain en deux ; les fouilles sont reprises au XXème siècle.
Le riche musée présente une importante collection d’objets funéraires et fresques grecs et lucaniens. Les superbes fresques de la tombe du plongeur ornaient l’intérieur d’une tombe découverte sur le site.
Les roses rouges de Paestum donnent un parfum qui fit la richesse de la ville.

Le voyage touche à sa fin, nous faisons connaissance avec les embouteillages de Naples.
Le musée de Naples accueille la riche collection Farnèse, ses magnifiques statues grecques pudiques pour les femmes mais point du tout pour les hommes !
Un gigantesque Hercule au repos après avoir tué le lion de Némée, le célèbre taureau et le châtiment de Dircé, le buste de Jules César, les originaux de nombreuses mosaïques de Pompéi, la bataille d’Alexandre et Darius………..il est impossible de tout citer !

Merci à Françoise Monteyrol de nous avoir déniché des trésors hors des classiques circuits touristiques comme l’île de Procida ou la Chartreuse de Padula mais aussi d’avoir visité les endroits mythiques de Capri, Pompéi ou encore Herculanum et bien sûr la côte Amalfitaine dont les splendides paysages et couleurs nous accompagneront longtemps.

Récit Annie Charlier