Pair-non-Pair et Bourg

 

Grotte de Pair-non –Pair                                                                                                                                                              Avril 2017

La grotte de Pair-non-Pair, située en Haute Gironde, non loin du fleuve Dordogne et de l’estuaire de la Gironde, est ornée de gravures pariétales, chevaux, bouquetins, cervidés, mammouths et bovidés datées de l’aurignacien (entre 33 000 ans et 26 000 ans avant Jésus-Christ).

Son ancienneté la classe juste après la grotte Chauvet (moins 36 000 ans) et bien avant les grottes de Lascaux.

Troisième grotte ornée révélée au monde, Pair-non-Pair est découverte en 1881 par un éminent archéologue, François Daleau, originaire de Bourg.
Acquise par l’État en 1900, elle devient la première grotte classée au titre des monuments historiques.

Un lieu clé pour la connaissance de la préhistoire. Le travail de François Daleau constitue une des premières fouilles scientifiques d’une grotte préhistorique avec le déblaiement progressif des couches archéologiques et la notation de tous les vestiges retrouvés. Pair-non-Pair continue d’occuper une place importante dans les sciences préhistoriques et paléontologiques contemporaines.
Elle a été habitée sur des milliers d’années comme en attestent les 15 000 objets divers et 6 000 ossements répartis sur 60 espèces animales, sources d’informations sur l’évolution de l’espèce humaine, de l’industrie lithique et osseuse mais aussi du climat et de l’environnement.
Des bois de Megaloceros ou Megaceros (Megaloceros giganteus) sont exposés. Appelé autrefois le « grand cerf des tourbières », il a été un des plus grands cervidés de tous les temps. Il ressemblait à un daim de grande taille et ses bois mesuraient jusqu’à 3,50 m d’une extrémité à l’autre.

Ces objets sont entreposés dans divers musées dont le Musée d’Aquitaine à Bordeaux.

Son occupation par l’homme est estimée de 60 000 ans, dont l’époque glaciaire ; pendant cette ère, les hommes y étaient protégés du froid.Elle a servi à la fois de lieu de culte et de lieu d’habitation, ce qui est rare.
Autre exclusivité : sur deux gravures, les chevaux ont la tête tournée vers l’arrière, donnant l’impression du mouvement.

 

Citadelle de Bourg en Gironde
Sur le site, l’abbaye St Vincent fut créée au XIIème siècle, le château au XIIIème.

En 1590, Henri IV charge le duc d’Epernon de la fortifier ; ce dernier transforme le château en forteresse, fait creuser des douves. Sa situation à la fois en bordure de l’estuaire permettant de surveiller les vaisseaux  qui y naviguent, et en limite des provinces protestantes et catholiques justifie ce choix pendant les guerres de religion.
En 1663, lors de la venue à Bourg de Louis XIV, la situation est toute autre : l’abbaye s’est effondrée dans le fleuve, la pointe du bec d’Ambès s’est agrandie avec le dépôt d’alluvions, la forteresse est située sur la Dordogne et non plus sur l’estuaire.
Le roi charge Vauban de créer le « verrou de l’estuaire » : citadelles de Blaye et de Cussac-Fort-Médoc, et au centre, l’île artificielle de Fort Paté. La forteresse est démantelée.

La puissante famille de Lansac y fait construire une maison bourgeoise qui abrite aujourd’hui le Musée de voitures à cheval, belle collection de voitures du XIXème siècle, rassemblée par M Rabotin.
En 1989, lors du décès de ce dernier, l’état participe à l’achat de la collection et confie la gestion du musée à la municipalité ; il est inauguré en 1995.

Nous admirons, entre autres :
*Coupés : véhicules urbains avec marchepied à décrottoir, amortisseurs à lames, garnitures en cuir papier, garnies de crin, finitions en ivoire.
* Cabriolet Victoria : dans la seconde moitié du XIXème siècle, certains maîtres se piquent de conduire eux-mêmes leur cabriolet, pour ce-faire, le siège du cocher peut s’enlever, double volant-frein, un situé près du siège du maître (abrité), l’autre près du siège du cocher.
*Phaétons : utilisé principalement pour la chasse, pas de siège de cocher, ils étaient conduits par les maîtres de maison.
Le Spider phaéton a un frein à manivelle.

*Sulky : amortisseurs en forme de C, bandages de roues en caoutchouc (évitent les étincelles du métal sur la pierre qui provoquaient des incendies), frein à tambour sur les moyeux de roues ; dans les remises, le véhicule repose sur une béquille dite « queue de singe ».
* Phaéton tabatière : à l’arrière du véhicule, un coffre porte bagage équipé d’une porte et d’un marchepied, peut se transformer en places de passagers.
*Sulfateuse : réserve en cuivre, gicleurs pour le sulfate à l’arrière, la pression nécessaire au sulfatage est créée par le roulage.
*Omnibus : publics pour les trajets en ville, privés pour les maisons bourgeoises mais aussi pour transporter les passagers du train de la gare vers les hôtels ; les trajets extra-muros étaient assurés par les diligences.
A l’avant, siège du cocher et du domestique,  4 jeunes hommes prenaient place dans l’impériale, tandis que les dames et personnes plus âgées voyageaient à l’intérieur.
Le marchepied est équipé d’un grattoir, des poignées de passementerie permettaient de baisser les glaces.
Les modèles de Gironde ont la particularité d’un fond de caisse arrondi avec les lattes de bois dans le sens de la largeur (rappel des barriques), les voitures des autres régions ont un fond droit.
*3 chevaux de bois de carrousel de Gustave Bailleul.
*Tonneaux :
couvert, découvert ou demi-tonneau, ils étaient destinés au transport des enfants, conduits par les nurses. La sécurité des enfants est assurée par des dossiers rehaussés, des formes arrondies, l’absence de poignées intérieures, la poignée extérieure est hors de leur portée.
Après la visite du musée, nous empruntons le souterrain cavalier du XVIème siècle, creusé dans la roche sur ordre du duc d’Epernon. On y voit une canonnière permettant le tir souterrain en direction des terres ; très peu utilisé car la fumée produite et surtout l’importante onde de choc provoquaient plus de morts chez les servants que chez l’ennemi.

On peut aussi voir les cuves de carburant créées dans d’anciennes carrières de pierre situées dans la falaise, sous le château de la citadelle. En prévision des hostilités, les français conçoivent le projet et construisent 2 cuves en 1939. En juin 1940, l’armée allemande en prend possession, en construit 5 autres. Sept cuves de 44 à 65 mètres de long sont creusées, sur une hauteur de 11 mètres sous plafond et 8,50 mètres de large. L’étanchéité est assurée par une couche de briques emplies d’eau, non miscible avec le carburant. L’armée allemande  y stocke des produits pétroliers livrés par des cargos italiens jusqu’en 1944.
Leur situation sous le château élimine les risques de bombardement.

Un pétrolier italien, le Clizia, sera sabordé par la Kriegsmarine en août 1944. Son épave gît encore dans la Dordogne.
Lors de leur retraite, ordre a été donné à l’armée allemande de tout faire sauter, les habitants évacués, cependant seuls les couvercles de bétons ont été détruits, le béton en tombant dans le carburant, le rendit inutilisable. Les cuves restèrent une dizaine d’années en cet état avant d’être vidées.

Aujourd’hui, Bourg est une ravissante cité bâtie sur un piton rocheux, on y trouve des remparts, le château de la Citadelle, un lavoir, des ruelles étroites et pittoresques qui dévalent vers le port … La richesse patrimoniale et architecturale de cette cité lui vaut le classement en « Village ancien ».

Photos Alain Andrieu, Alain Caminade.

Organisation Alain Caminade.

Récit Annie Charlier.