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Balade dans l’Empire du milieu
septembre 2011
Le premier contact avec la Chine a quelque chose de surnaturel ! Foin des pagodes, des pousse-pousse et des femmes aux pieds bridés ! Place aux gratte-ciel, aux voitures de marques et aux jolies filles à talons hauts… Quels contrastes avec notre imagerie scolaire !
Shanghaî s’est offerte à nous la nuit, vivante, illuminée, envoûtante. Le flot de voitures qui nous emporte, tel un fleuve indiscipliné, ne respecte aucune règle si ce n’est celle du chacun pour soi. Place au plus dégourdi. Et tous sortent indemnes de ce gymkhana géant. C’est à n’y rien comprendre !
Notre première soirée, très chargée, se termine par un spectacle d’acrobaties et de contorsionnistes à donner le vertige…Leur aisance paraît tellement naturelle que l’on se laisse à imaginer que l’on pourrait le faire ! Que de prétentions !
Le lendemain, découverte du port de Shanghaî et de la vieille ville : deux mondes opposés juxtaposés mais deux merveilles ! Malgré un policier très tatillon, qui, pour nous libérer, attend manifestement un bakchich qui ne vient pas, nous réussissons à prendre le TGV.
La technologie étrangère adaptée par la technologie chinoise a fait des miracles. Il nous faudra à peine 5 heures pour rallier Pékin, 1400 km plus au nord, après plusieurs arrêts dans des gares aux allures d’aéroports géants. Celle de Pékin pourrait loger deux gares Montparnasse !
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Pékin, ville administrative peu chaleureuse, s’ouvre aux touristes avec une certaine retenue. Autant notre guide est diserte sur les périodes impériales qui ont marqué son histoire millénaire, autant elle refoule ces événements qui, il y a quelques années, ont fait la « une » de l’ actualité. Les mots « tanks « , « étudiants », « répression », « Tibet » sont à bannir du vocabulaire, notamment sur la place Tiananmen où déambule une foule de touristes chinois. Un écran géant, de la taille d’un terrain de football, diffuse en boucle des spots de propagande, vantant les mérites de la Chine et de ses dirigeants.
Il est vrai que tout est hors norme dans ce pays : la foule compacte que l’on retrouve partout (plus de 20 fois la population française ça fait quand même beaucoup de monde ! ), les gares, les aéroports, les ports, les immeubles… Un autre monde !Nous avons le privilège de fouler le sol de la Cité Interdite ( à voir tous ces gens qui la foulent, est-ce encore un privilège ? ).
Comme tout le reste elle est immense. De penser qu’à une certaine époque seules les concubines et les eunuques qui les protégeaient fréquentaient cet espace, situe la distance qui séparait l’empereur de son peuple ! Certes l’endroit appelle le recueillement, mais se recueillir toute une vie, avec des eunuques pour compagnons, devait être bien monotone !
La Muraille de Chine, seule réalisation de l’homme visible de l’espace, est vraiment impressionnante. Long serpent de pierres qui ondule sur les reliefs pendant plus de 5000 kilomètres, elle fait l’effet d’un dragon géant qui protège le pays. Mais le feu, c’est nous qui l’avons craché après avoir escaladé 850 marches pour atteindre son point culminant. Les vieilles articulations ont été mises à rude épreuve, mais elles ont tenu !
Le soir, nous avons pu nous reposer en assistant à une représentation de l’Opéra de Pékin. Le jeu des acteurs était tellement statique qu’ils donnaient l’impression de jouer au ralenti. Ils faisaient tout pour nous endormir ! |
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Nous rejoignons Pingyao par avion et bus. Pingyao fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco, et se situe dans la Chine profonde.
C’est une ville qui a su conserver son cachet originel et qui semble s’être arrêtée dans le temps. Nous entrons dans une autre époque, quelques cent ans en arrière ! Hôtel spartiate ! Repas spartiate ! Et le reste avec ! Cela a provoqué chez certains de bonnes parties de rigolades. Heureusement, notre guide M. Wang nous avait prévenus. Nous n’étions donc pas pris à l’improviste.
Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises…Le soir, embarquement pour le train de nuit, direction Xiam. Voyage en couchettes » molles » ! Nous découvrons alors que certains adjectifs sont interprétés différemment en chinois. » Molles » , en chinois, veut dire « couettes-destinées-plus-à -isoler-couchettes-qu’à-protéger-reins-voyageurs « ! S’il est vrai que les lits durs sont conseillés pour les maux de dos, pour les fesses tendres c’est plutôt douloureux !
Xiam, « ville moyenne » selon notre guide, (5 millions d’habitants), est une ville vivante et accueillante. Sa banlieue abrite » l’ armée enterrée » . Des milliers et des milliers de soldats grandeur nature en argile, sont alignés sur des centaines de mètres. L’armée de l’empereur destinée à protéger son tombeau de tout intrus. Grandiose !
Le soir les chants et les danses de la dynastie des Tang nous offrent un spectacle plus animé et de grande qualité. |
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Très tôt le matin, nous partons le lendemain par avion pour Guiyang, capitale de la province du Guizhou.
Le temps de glisser les valises dans le bus et en route pour Kaili.
Kaili est un fantastique chaos de massifs montagneux et de vallées fluviales qui offrent à nos regards émerveillés des paysages à couper le souffle. C’est une folie de couleurs mariant, comme la palette d’un peintre illuminé, les plus lumineuses aux plus ternes pour une offrande divine ! insolites dans ce décor paradisiaque, accrochés aux flans des vallées comme une croûte sombre de la peau, les villages rappellent que la main de l’homme a apporté sa contribution à cette beauté.Nous rendons visite à une minorité Dong qui nous accueille en costume traditionnel. Nous devons toutefois subir une épreuve avant d’être admis dans le village. c’est le » test du saké » ! Cela a pour autre effet de nous désinhiber et nous entrons sans complexe dans la danse traditionnelle que les villageois tout sourire nous invitent à partager.Nous reprenons la route le lendemain pour une nouvelle rencontre des minorités. cette fois-ci nous avons successivement affaire à des Miaos à jupe longue et les Miaos à jupe courte. Cela n’a rien à voir avec les minis jupes que nous avons pu admirer à Shangaî !Hélas !Ce jour là, notre pérégrination a aussi été cocasse ! Nous étions engagés sur une route quand au bout d’un moment nous sommes arrêtés. La partie de la chaussée que nous empruntions était en travaux. Contrairement à notre pays, où en pareille circonstance la circulation est alternée, ici, c’est le système » débrouille » qui fonctionne. Mais il a ses limites ! Et nous avions atteint ces limites car la circulation était bloquée dans les deux sens. Au bout d’un moment il a fallu faire venir un bulldozer qui a eu toutes les peines du monde à se frayer un passage, pour niveler la partie en travaux pour nous permettre de passer ! Épique !
Dans cette partie de la Chine, le réseau routier a sérieusement besoin d’être amélioré et, outre les passagers qui sont pas mal secoués, le système de suspension des véhicules est mis tellement à l’épreuve qu’il doit avoir une durée de vie limitée ! |
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Chaque jour qui passe nous apporte de nouvelles découvertes toutes plus belles les unes que les autres. Certains endroits sont si typiques, qu’ils mériteraient d’être plus longuement détaillés. Ils nous font tous réaliser qu’il y a, en fait, plusieurs Chine, et que celle des minorités est à des années lumières de la Chine qui s’est éveillée. A les voir calmement vaquer à leurs occupations, les gens de ces minorités que nous croisons donnent l’impression de se satisfaire de leurs conditions de vie. Ils illustrent parfaitement l’ adage de Confucius « la nature fait les hommes, la vie les rend différents ».
Le treizième jour nous arrivons à Yangshuo. La région, magnifique, n’est pas sans rappeler le nord du Vietnam tout proche, et notamment la Baie d’Along Terrestre. Cette impression sera confirmée par la croisière que nous effectuons sur la rivière Li. Le relief, tout en mamelons rocheux couverts de végétation, qui défile devant nos yeux éblouis, a quelque chose de si irréel que nous avons l’impression d’être sur une autre planète.
La veille, la rivière Li a été la scène d’un spectacle sur l’eau absolument grandiose. Pendant plus d’une heure, nous avons eu droit à une féerie de son et lumière d’une beauté époustouflante. Lorsqu’elle est à ce point maîtrisée, la lumière mariée à l’eau nous transporte dans un autre monde, le monde de la perfection.En reliant Canton, nous approchons du terme de notre voyage.
Canton a beaucoup de points communs avec Shangaî. C’est une ville immense, vivante, ouverte et bruyante. Elle s’enorgueillit d’avoir la plus haute tour du pays (du monde nous dit notre guide local qui doit être chauvin). Nous retiendrons de sa visite, le marché Quinping où l’on vend de tout, y compris des scorpions vivants qui, paraît-il sont excellents grillés et pleins de vitamines.
C’est aussi à Canton que nous quittons notre accompagnateur, M. Wang. M. Wang est un homme remarquable à tous égards. Il a fait l’unanimité par sa disponibilité, sa culture, sa gentillesse, son humeur toujours égale. Lorsque nous l’avons quitté, nous avons eu l’impression de quitter un ami. |
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Notre périple aura été agrémenté par quatre anniversaires que nous avons souhaités dans la joie et la bonne humeur à Gilles, Annie, Marie-Pilar et Raymond. C’est à cette occasion que nous avons découvert qu’il y a de grands durs au cœur sensible.
Comme tout voyage qui se respecte, nous avons tous « magasiné » et chacun, bien sûr, à fait l’ affaire du siècle !
Certains marchandent avec tellement d’acharnement et de succès qu’ils risqueraient à la longue de mettre en péril le PIB du pays visité !
Nous avons fait un beau voyage dans la bonne humeur, la convivialité, et entre amis !
Nous attendons le prochain avec impatience…
Gérard Bourachot
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