La Rochelle et Rochefort

Rochefort et La Rochelle le 15 mai 2013
Temps automnal pour cette journée, le brouillard accompagne notre départ d’Eysines.
La Corderie Royale de Rochefort nous accueille.

Le   magnifique bâtiment de la Corderie Royale est né de la volonté de Louis XIV et de Colbert, son ministre. Pour créer une puissante flotte de guerre, il faut des arsenaux. Colbert décide d’en établir un à Rochefort, au bord de la Charente, à 23 km de l’Atlantique. Le premier ouvrage construit est la corderie dont la réalisation commence en 1666 pour se terminer en 1669.
Le bâtiment de 374 m de long, posé sur un radeau de poutres de chêne pour pallier l’instabilité du terrain marécageux, est une manufacture de cordes. Sa grande longueur s’explique par le besoin de confectionner des cordages longs d’une encablure, soit 200 m.

Les autres bâtiments de l’arsenal vont se succéder au bord de la Charente, magasins, fonderie, forges, poudrière, formes de radoub pour la réparation des bateaux. 500 navires et vaisseaux vont être construits jusqu’à la fermeture de l’arsenal en 1927. La corderie fabrique des cordages pour la marine jusqu’en 1867, l’évolution des techniques et l’apparition des câbles d’acier rendant obsolète son activité.
La corderie a failli disparaître après l’incendie qui l’a détruite partiellement en 1944. Les troupes d’occupation allemandes y avaient mis le feu avant de se retirer.
En 1967, le bâtiment devient monument historique. Les conditions sont réunies pour sa restauration qui commence en 1976 pour s’achever en 1988. L’aile sud y voit naître mieux qu’un musée, le Centre International de la Mer, centre d’interprétation différent du musée traditionnel à vocation maritime, en 1985.

Au cours de la visite nous avons appris la composition des différents cordages, faire des drisses, écoutes et amarres suivant l’épaisseur, puis une démonstration pour faire les nœuds. Qui se sent encore capable de les refaire ?

Après le déjeuner, visite de l’Hermione avec le soleil.



La décision de reconstruire l’Hermione, une frégate de 1779 réalisée par l’arsenal de Rochefort, a regroupé les forces vives locales et régionales pour lancer ce grand projet.
Le choix de l’Hermione n’est pas dû au hasard. C’est la frégate sur laquelle s’est embarqué le marquis de La Fayette en 1780 pour soutenir la guerre d’indépendance américaine contre les Anglais.

La reconstruction de ce voilier de 45 mètres de coque a commencé le 4 juillet 1997 dans la double forme de radoub de l’ancien arsenal proche de la Corderie Royale.
En juillet 2012, la coque de l’Hermione a changé de forme de radoub. Elle est maintenant dans la forme Napoléon III pour y être recevoir les mâts.
L’équipe de la Corderie Royale commente les visites et explique les particularités de ce navire et de la vie à bord au 18e siècle. Au bord de la forme, un atelier de forge a été installé. Il fabrique de nombreuses pièces. Un atelier bois construit les chaloupes et différents éléments du bateau. Les artisans travaillent devant le public. La visite du chantier est l’occasion de découvrir un pan entier du patrimoine maritime. Après son lancement, l’Hermione naviguera et refera le voyage de La Fayette à Boston.

 Départ vers La Rochelle.
Après un tour ville en bus, nous parcourons à pied la vieille ville.
L’an 1000 a vu la naissance de La Rochelle ; en 1120, la ville est dotée d’une charte communale par Guillaume X, duc d’Aquitaine, confirmée en 1199 par Aliénor d’Aquitaine sa fille. La Rochelle devient une province anglaise par le mariage d’Aliénor et Henri de Plantagenêt et développe son commerce maritime du vin et du sel avec l’Angleterre et l’Europe du Nord.
Indépendante, elle accueille les idées de la Réforme et s’impose comme le bastion du protestantisme. Le séjour de Henri de Navarre à La Rochelle marquera les débuts d’une relation privilégiée avec la cité. Devenu Henri IV, il ne reviendra pas dans la ville mais financera certains édifices dont le Palais de Justice.
Devenu menace pour la politique d’unification de Louis XIII, La Rochelle est anéantie lors du Grand siège de 1627-1628.

Le vieux port occupe cet emplacement depuis le XIIième siècle, les tours datent des XIV ème et XV ème siècles. La Grosse Horloge est l’ancienne porte d’enceinte qui séparait le port de la cité.
Le magnifique Hôtel de Ville au corps de logis Renaissance, protégé par un mur d’enceinte gothique flamboyant est en cours de restauration.
 La mer donne à la ville son second souffle avec les relations commerciales vers le Canada et les Antilles.
C’est le début d’un rayonnement intellectuel et artistique, l’apogée des grands armateurs dont certains s’illustrent tristement dans le commerce triangulaire. 1694 marque l’apogée du commerce de sucre et fourrures avec la Nouvelle France.

La richesse architecturale de la ville s’illustre par une forte concentration dans les rues du centre ville de maisons datant du XVème au XIXème siècles : maisons à pans de bois et ardoises du Moyen Age, richesse des façades de pierre sculptée des XVIème et XVIIème siècles, sobriété et noblesse des grands hôtels d’armateurs du XVIIIème siècle.
La révolution, les guerres de l’Empire vont endormir la ville qui ne se réveillera qu’à la création du port de commerce de La Pallice, aujourd’hui 6ème de France
Retour somnolent vers Bordeaux après une journée au programme dense et enrichissant.