Lormont

Découverte de Lormont             11 juin 2018

Un petit crachin digne du mois d’avril nous a escorté pour cette visite de Lormont en compagnie des dynamiques guides des « Amis du vieux Lormont » qui savent si bien nous faire partager leur passion pour cette banlieue de Bordeaux de la rive droite de la Garonne.

Grâce à leurs compétences et leur enthousiasme, le plus vieux lavoir de la ville, le lavoir Blanchereau a été retenu pour participer à l’émission de la 2 animée par Stéphane Bern et dédiée à la sauvegarde du patrimoine.

Les vieux lavoirs :
Au début du XXème siècle, cette petite commune de 3000 habitants a connu jusqu’à 7 lavoirs ; aujourd’hui 5 d’entre eux sont toujours présents.

Le plus ancien est le lavoir Blanchereau, situé rue de la République, construit entre le XVIIème et le XVIIIème siècle.
Edifié sous une maison du village, sa voûte en berceau, ses escaliers droits, son bassin entièrement dallé et son système de canalisations voûtées qui conduit et évacue les eaux, font de lui un lavoir unique dans la région.
L’élévation de la rue a été modifiée au début du XXème siècle.
Ce lavoir est dit « lavoir debout » car en ce lieu exclusivement féminin, le travail se faisait debout ; les meilleures places, près de l’arrivée de l’eau propre de la source étaient convoitées par toutes mais réservées aux plus anciennes et plus osées.

Le surnom de ce lavoir était « le Sénat », mais de nos jour on dirait plutôt que les nouvelles s’y diffusaient aussi vite et sans plus de contrôle que sur les réseaux sociaux !
Alimenté par la source des Garosses, son niveau n’a jamais diminué quels que soient les aléas climatiques. Il a permis d’alimenter la ville en eau grâce à une machine à vapeur située à côté du lavoir ; après l’explosion de cette dernière et la construction d’un château d’eau en 1935, elle fut abandonnée.

Le lavoir Gelot, porte le nom du maire de Lormont lors de sa construction en 1859, il est situé rue du Pimpim.
Le fond est entièrement recouvert d’un grand dallage, les pierres du tour sont liées en assemblage en queue-d’aronde qui garantit leur stabilité sous des poutrelles de fer de 1900.
Son surnom était « la cour des comptes ».

Pourquoi autant de lavoirs dans cette petite ville ?
Cela a été possible tout d’abord grâce à la présence de nombreuses sources mais aussi à celle de vingt-trois châteaux, résidences secondaires des bourgeois bordelais.
En effet, beaucoup d’hommes de Lormont travaillaient aux chantiers navals proches de la ville et leurs épouses amélioraient les finances de la famille en lavant le linge des habitants des châteaux. On peut ainsi penser que 150 familles environ, qui payaient une redevance pour pouvoir utiliser un lavoir, participaient à cette activité.

 

 

Le château du Prince Noir

Nous empruntons les escaliers la rue du Sang, étroite et à l’important dénivelé, pour rejoindre le célèbre château où se déroulèrent les pourparlers de fin de la Guerre de cent ans. Cet étrange nom est lié aux massacres qui s’y sont déroulés, soldats pendant les guerres ou animaux dans les abattoirs proches.
Construit à l’époque d’Aliénor d’Aquitaine qui y séjourna en 1137 il servit longtemps de halte pour les personnalités avant leur arrivée à Bordeaux ; en 1367, le futur Richard II, fils du Prince Noir y naquit. Le pape Clément V y résida en 1308. Il fut aussi résidence de campagne des archevêques de Bordeaux qui cultivaient les terres et les vignes, le vin mis en barriques sur place était ensuite chargé dans les bateaux dans le port de Lormont.
Après une histoire riche et mouvementée, il est malheureusement resté à l’abandon et vendu au ministère de l’équipement qui projetait de la raser pour construire des locaux techniques alors qu’il était classé à l’inventaire des bâtiments de France.
Les « Amis du Vieux Lormont » ont encore une fois œuvré pour la sauvegarde de ce monument jusqu’à son rachat, pour une somme modique, il y a une dizaine d’année par M Fradin, mais avec un budget conséquent de restauration. Ce mécène a également restauré plusieurs châteaux dont Villebois Lavalette, et Villandraut, liés aussi à l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine.
Le sol du porche d’entrée est recouvert de rondins de bois pour amortir le bruit des sabots de chevaux et roues de charrettes.
Le restaurant construit sur l’emplacement des serres, a des murs de verre pour garder trace de sa première affectation.
Les bâtiments, en majorité du XVIIIème siècle, près du porche, à l’origine chais à vin ou écuries sont maintenant des bureaux.
Il ne reste que quelques escaliers du château d’origine dans le bâtiment actuel qui abrite les bureaux de M Fradin mais aussi le cours Florent et des bureaux.
Une fontaine du parc abritée dans la Gloriette a été démontée et emportée illégalement et mise en vente aux enchères à Paris par des vendeurs américains. Après procédures et procès,
M Fradin racheta la Gloriette qui est remontée sur son emplacement initial.

Ce château, situé au pied du pont d’Aquitaine, marque l’entrée de Bordeaux et donne une bonne image depuis sa restauration.

Eglise Saint Martin

Il ne reste que peu de la première église qui a brûlé pendant les guerres de religion ; elle fut reconstruite en 1451 par l’évêque Peyberland et épargnée lors de la Révolution.

En 1971, la nef s’est effondrée et la reconstruction ne s’est achevée qu’en 2007.
Les responsables des monuments historiques ont alors opté pour une remise en l’état initial, sans peintures ni décoration. Le chœur et les chapelles latérales ont conservé leurs belles peintures du XVIIIème alors que les murs de la nef sont blancs, un oculus a été bouché les grilles ont disparu, de même que la belle horloge de cuivre rouge. Le plafond du chœur a été nettoyé, les vitraux démontés et restaurés par les ateliers Bernard Fournier, que nous avons eu le plaisir de voir à l’œuvre dans d’autres escapades.
Des acrobates ont volé un beau bateau, ex-voto pendu au plafond ; un club de modélistes a réalisé celui qui est aujourd’hui en place.
On peut encore citer une Vierge en bois dans le chœur, une sculpture en albâtre où on distingue encore quelques traces de la peinture qui la recouvrait.
Autre pièce rare, des fonds baptismaux double qui ont donné lieu à de nombreuses hypothèses.
Il semblerait qu’une cuve « borgne » contenait tout le matériel utile au baptême alors que dans l’autre cuve, munie d’un trou d’évacuation, le bébé recevait l’eau. Dans notre groupe, un adhérent a affirmé avoir été baptisé là mais ne pas se souvenir des détails !!
Ces fonds baptismaux en marbre rouge ne sont pas encore classés alors que les bénitiers assortis le sont. Cet oubli devrait être réparé bientôt.

 

 

 

Cette escapade est pour moi la dernière d’une longue série commencée en mai 2008 et qui nous a fait découvrir de nombreuses facettes du riche patrimoine bordelais et des activités artisanales ou artistiques.

Merci aux nombreux participants de leur confiance et de leur amitié.

Organisation : Violette Saintin et Annie Charlier

Récit : Annie Charlier

Photographies : Alain Caminade, Jean Noel.