Marie Brizard

 

A la découverte de Marie Brizard

23 et 24 février 2023

Un peu d’histoire…

L’incroyable légende nous dit que le 11 Janvier 1755 à 8h30 du matin, Marie Brizard âgée de 41 ans et fille du charpentier de barriques Pierre Brizard, traverse la place Royale (Place de la Bourse) et croise un marin antillais naviguant à bord de « l’Intrépide » qui gît sur le sol, brûlant de fièvre.

L’origine de la Société:
Marie Brizard va s’en occuper, le faire hospitaliser et ainsi le sauver, celui-ci, comme marque de reconnaissance va lui transmettre le secret d’une boisson anisée et parfumée par onze aromates.

Marie fonde alors avec son neveu Roger, la société d’anisette Marie Brizard, et c’est un autre neveu Paul-Alexandre qui voguant vers les îles lointaines des Seychelles, Antilles ou de la Réunion va ramener à sa tante Marie, les plantes aromatiques et agrumes nécessaires à l’élaboration de cette fameuse liqueur qui deviendra vite célèbre.

C’est rapidement une réussite commerciale:
Alors qu’à cette époque, Bordeaux en pleine expansion commerciale compte une quarantaine de fabricants d’anisette, et que les liqueurs s’exportent vers les colonies, celle de Marie Brizard est servie à la table du roi Louis XV. En 200 ans, la célèbre liqueur, créée par Marie Brizard va conquérir le monde.
A la fin du 20ème siècle, l’entreprise va intensifier, diversifier sa production, distribuer jusqu’à 230 millions de bouteilles et exporter dans 120 pays une production variée associant liqueurs, sirops, spiritueux, vins, boissons non alcoolisées.

Pour la petite histoire:
Sous la Terreur, la famille Brizard contribue à l’effort révolutionnaire en payant de fortes taxes, mais par ailleurs tente aussi de sauver des prêtres réfractaires pourchassés par les commissaires du peuple.

Puis viendra la fin d’une époque:
Par transmission héréditaire, l’entreprise restera familiale jusqu’en l’an 2000, date à laquelle en raison de difficultés financières elle passera sous contrôle de grands groupes financiers.
En 2008 c’est l’abandon du siège de Bordeaux, l’entreprise s’installe à Ivry (Val de Marne) le coup est rude pour notre ville.
Le site historique de la rue Fondaudège qui fait partie du patrimoine bordelais en raison de sa qualité architecturale, est laissé à l’abandon.

Alors que de nombreux bordelais ne connaissent pas l’origine locale de ce breuvage, c’est en témoin actif de nombreuses troisièmes mi-temps, fins de repas et soirées joyeuses égayées par l’élixir de Madame Marie Brizard, célèbre et entreprenante bordelaise, que j’ai souhaité honorer sa mémoire et vous parler de cette dame qui désormais quoiqu’il arrive appartient à l’histoire de notre ville.

………

L’hiver n’est pas terminé et après une douceur anormale du climat en cette fin février une vague d’humidité et de froid vient de s’abattre sur Bordeaux et fait baisser la température.

Cela n’a pas dissuadé les 43 participants ( sur les 2 jours ), à répondre présents, bien emmitouflés et équipés de parapluies, à plonger dans cette histoire bien Bordelaise de la légende de Marie Brizard !

Le rendez-vous est fixé devant le bar Castan, un lieu emblématique de Bordeaux, une institution depuis 1890.

Marie est là qui nous attend vêtue de son ravissant costume d’époque, chapeau : toque fourrure, pelisse manteau, robe longue à bustier, ombrelle et petites chaussures.

Elle est toute souriante et attire la sympathie, elle est vive et de suite joue son rôle à merveille et nous plonge par ces récits dans l’ambiance de la journée du 11 Janvier 1755 qu’elle va essayer de nous faire revivre.

Nous suivons de place en place une Marie sautillante qui à grand renfort d’anecdotes nous entraine dans le Bordeaux d’alors. La place Royale ( Bourse ) en est le centre, avec des visites furtives à La Belle époque avec son décor « Vieillard », au très chic Gabriel, au musée des douanes, à la maison des vins de Bordeaux ….

Elle profite de ces escapades pour déjà nous glisser quelques mots sur la composition de la fameuse liqueur, nous distribuer quelques graines d’anis vert, nous faire sentir quelques essences: angélique et cannelle, entre autres, sur de petits bâtonnets de bois.
Le résultat final est composé de l’association de 11 aromates  mais la recette originale et le dosage est un secret bien gardé.

Puis vient un des moment fort de la journée ! Marie virevolte devant nous , dans une forme extraordinaire ( due peut-être à la consommation de la divine liqueur !).
Elle croise sur les quais, Thomas, un marin antillais du bateau l’intrépide, il est couché sur le côté brûlant de fièvre, elle va le soigner et le sauver et selon la légende celui-ci en remerciement lui a transmis la recette de la liqueur aux 11 aromates qui va faire  pendant 200 ans le succès de la maison Marie Brizard.
Le côté pittoresque c’est qu’il n’y a plus beaucoup de marins sur les quais de Bordeaux en 2023 alors notre Marie hèle le premier jeune mâle qui passe par là et lui propose en totale improvisation de jouer le rôle de Thomas le marin agonisant sur les quais !

Nous arrivons tout juste à suivre notre Marie qui circule sans encombres dans les rue du Bordeaux d’aujourd’hui.
Nous traversons le parc du jardin public en saluant au passage la statue de Rosa Bonheur et les bâtiments du muséum d’histoire naturelle.
Nous touchons finalement le but ultime de notre visite: le bâtiment du 132 rue Fondaudège!
C’est à cette adresse mythique qu’était implanté pendant 200 ans le siège de la Société Marie Brizard.
Abandonné et laissé à l’abandon depuis 2008 il renaît de ses cendres, complètement restructuré, flambant neuf, architecture design, et transformé en pépinière à startup, des bureaux de co-woorking, bref: un lieu très branché !
Seul vestige de son ancienne vie, un magnifique escalier de métal dessiné par Gustave Eiffel.
Nous allons en point d’orgue de notre visite sur le toit de l’édifice qui a été entièrement aménagé en « rooftop ».
Nous en prenons plein les yeux tant la vue sur les toits de Bordeaux est exceptionnelle !

Marie ouvre enfin une bouteille de la divine liqueur et sert une dose du précieux breuvage à chacun des participants qui vont finir ainsi avec un délicieux goût de  » Bizard » dans la bouche …..
Un grand merci à Marie qui l’espace de quelques heures a su nous faire partager son extraordinaire légende ! …..

 

 

Texte et photos de Bernard Dessoit