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Croisière Saint Petersburg Moscou du 21 juin au 2 juillet 2012.
La Russie est surprenante à bien des égards. Sa langue, d’abord, mais surtout son alphabet cyrillique. Il est difficile d’imaginer ses effets sur les panneaux de signalisation ! Ne croyez surtout pas que c’est pour cela nous avons atterri en Finlande. Non ! Poutine a cru bon d’organiser un colloque international le jour de notre arrivée pour nous « dérouter » (dans tous les sens du terme). D’abord sur un aérodrome au trafic très réduit (ce qui accélère la restitution des bagages), ensuite par les postes frontières finnois et russe. Le temps d’attente est à l’image des espaces : sans fin ! Tant pis pour les envies de « pipi ». On se retient !!!
Saint-Pétersbourg nous accueille sous un soleil radieux et une température à la bordelaise. C’est bon signe ! Avec notre discrétion habituelle, nous prenons possession du Maxime Gorky et nous nous sentons très rapidement « chez nous ». A l’ANR nul ne se perd !On se rend vite compte que l’organisation à bord est parfaite. Le directeur de croisière et le personnel dont nous faisons connaissance à l’occasion du pot d’accueil, témoignent d’un grand professionnalisme. Cerise sur le gâteau, ils possèdent une bonne maîtrise de la langue française. C’est rassurant…Nous séjournons trois jours à Saint-Pétersbourg. Nous la découvrons en car, en bateau, à pied. Elle s’offre à nous sans retenue. Telle une belle femme assurée de l’effet de ses charmes. Les yeux ne sont pas assez grands pour capter toutes les merveilles qu’ils découvrent. Les mots trop fades pour décrire l’éclat des couleurs des monuments que nous visitons. Le musée de l’Hermitage est trop magnifique pour que les mots puissent traduire les sentiments qu’il suscite. C’est tout simplement une merveille qui abrite des merveilles. Et nous, des Alice dans un pays enchanteur ! Une promenade en bateau nous fait la pénétrer dans son intimité la plus profonde et découvrir un ensemble architectural unique, révélateur de cette grandeur que son créateur, le tsar Pierre le Grand, a voulu lui donner.
]Réveillés par le chant des oiseaux, nous remontons la Neva, jusqu’au lac Ladoga, véritable mer intérieure, et empruntons ensuite la rivière Svir pour une escale à Mandroga, typique village russe. Outre l’architecture locale, totalement axée sur l’exploitation du bois, nous découvrons la variété des saveurs de la vodka qui, à un certain stade de la dégustation, se confond avec les poils de bison et les fleurs des bois. On peut penser que l’un se nourrit de l’autre et en restitue le meilleur ! Le retour à bord rappelle plus les marins d’Amsterdam de Jacques Brel que des retraités sérieux !Pour chasser la monotonie des forêts de sapins qui se succèdent à l’infini, le directeur de croisière nous propose des conférences sur l’histoire de la Russie depuis le tsar Ivan le Terrible. Découverte passionnante ! Certains, saisis par un virus de la belote qu’aucune thérapie ne peut soigner, se livrent à des parties « pagnolesques » à faire pâlir de jalousie Raimu ! Du grand art….Et nous débarquons à Kiji. Kiji, construite sur une des nombreuses îles du lac Onega, est mondialement célèbre pour son enclos paroissial (pogost) constitué de deux églises du XVIIème siècle et un clocher octogonal édifiés en bois. Le caractère exceptionnel de cet ensemble lui a valu d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1990.
En quittant le lac Onega, le bateau poursuit sa navigation sur le canal Volga-Baltique qui le conduit sur le lac Blanc, la rivière Kovja, le Bief de Partage des Eaux et la rivière Vytegra. En chemin, nous découvrons le clocher de l’église submergée de Khorkhino, village inondé sous Staline pour faciliter la construction de la centrale hydroélectrique de Cheksna. Nous franchissons de nouvelles écluses (il y en a 17 sur le parcours) aux dimensions impressionnantes. Nous comprenons mieux pourquoi nous croisons si souvent des bateaux de commerce de taille si imposante !
Escale à Goritsy. Nous prenons contact avec la Russie profonde où le poids du passé se fait toujours sentir. Une visite chez l’habitant nous permet de constater que la « civilisation » a pénétré même les coins les plus reculés d’une manière surprenante. On y connaît le téléphone portable, internet, la télévision….mais aussi les toilettes au fond du jardin, comme dans nos campagne il y a 60 ans !
L’école que nous visitons ensuite laisse transparaître, à certains indices, la recherche de la performance et du dépassement de soi. La compétition doit y être permanente et les plus faibles n’y ont pas leur place !
L’autre surprise, dans un pays qui, pendant plus de 70 ans, a rejeté tout ce qui avait un rapport avec la religion, est le nombre imposant d’églises et de monuments dédiés aux cultes proposés au touriste ! Il s’agit en outre d’édifices d’une remarquable beauté pour la plupart. Iaroslavl, où nous débarquons, en est la parfaite illustration. Construite en l’an 1010 par Iaroslavl le Sage qui, selon la légende tua un ours avec une hache, elle est la plus ancienne des villes de la région de la Volga. Outre des ensembles architecturaux qui en font une des plus belles villes de l’ancienne Russie, elle propose à ses visiteurs toute une série d’églises remarquables dont l’élégance sobre contraste avec l’austérité du monastère de la Transfiguration du Sauveur.
Entre les escales, nos journées et nos soirées à bord sont très animées. On n’a pas le temps de s’ennuyer. C’est ainsi que nous avons pu découvrir et admirer la qualité du folklore russe : danses traditionnelles et musique caractéristique slave. Cours d’initiation à la cuisine russe. Cours de russe et de chant. Certains soirs nous sommes même les acteurs des animations ! Si la soirée « casino » permet à quelques uns de s’enivrer de millions de dollars, il y en a qui réalise que la « bise » du directeur de croisière coûte très chère ! La soirée « talents des passagers », point d’orgue de notre croisière, permet au plus grand nombre de s’exprimer sans aucune retenue et de révéler dans de nombreux domaines des talents jusqu’alors bien cachés. Et, lorsqu’ils s’expriment libérés de tout complexe dans la parfaite communion de leurs voix, d’offrir aux hôtes russes un concert de qualité d’autant plus remarquable que la durée de sa préparation a été très courte. Une video immortalise ces moments inoubliables et marquera, peut-être, les premiers pas de la chorale de l’ANR33 !
Nous arrivons à Moscou. Moscou, c’est la Russie et toute son histoire tumultueuse. Elle a longtemps été synonyme de « guerre froide » et de conflits meurtriers. Lorsque nous franchissons la Place Rouge, nous savons que nos pas se fondent dans l’histoire de ce pays. Cette impression est encore plus saisissante en entrant dans Le Kremlin. Haut lieu historique longtemps inaccessible aux occidentaux, il est la matérialisation de l’autorité des dirigeants de ce pays, et en impose par ses murs d’enceinte de briques rouges. Toute l’histoire de la Russie du XXème siècle est illustrée dans des blocs de granit adossés à cette muraille qui rappellent les combats et les luttes qui ont fait sa gloire. Le visiteur doit se rendre compte que la Russie est éternelle !
Sans atteindre la grâce de Saint-Pétersbourg, Moscou est une ville qui a beaucoup de charme. Ouverte à la culture occidentale, elle a copié l’architecture audacieuse des pays de l’Ouest, et des gratte ciel à carapace de verre se disputent le ciel aux tours sans charme de l’ère « stalinienne ». De larges avenues la traversent de part en part, déversant des flots de véhicules de toutes marques, dans lesquels de puissantes voitures de luxe font un dangereux rodéo en toute impunité. C’est, paraît-il, la manière des oligarques de manifester leur puissance !
Notre périple se termine comme il a commencé, par la visite d’églises, de cathédrales et de monastère. Même si la pratique de la religion est très limitée, il n’en demeure pas moins que la présence de l’Eglise est de plus en plus prégnante, d’autant que pour continuer d’exister, elle est complice à bien des égards du pouvoir au lieu d’en être la conscience.
Nous rentrons en France encore sous le charme d’une croisière au cours de laquelle nous avons beaucoup appris et aussi…beaucoup ri. Vivement l’année prochaine pour un nouveau voyage !
Gérard Bourachot
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