Verdun

Séjour à Verdun

Après une longue traversée de la France en autobus, nous voici à Verdun, accueillis très aimablement à l’hôtel des Orchidées.

Le lendemain, nous commençons notre séjour dans cette région chargée d’histoire, de douleur et de mort par un peu de douceur!

La visite de la fabrique de dragées Braquier nous apprend que la fabrication artisanale débute à Verdun  en 1220 : un apothicaire voulant préserver ses amandes les enduit  d’un mélange de sucre et de miel.
Elles sont utilisées contre la stérilité, la mauvaise digestion et autres maux!
La maison Braquier existe depuis 1783 et fabrique bien d’autres spécialités pour pallier au travail saisonnier des dragées.
Entre le tri, le gommage, les  passages dans plusieurs chaudrons chauffés au degré précis,  la «cuisine» des colorants il faut plusieurs jours pour obtenir le symbole des jours heureux!
Notre conférencière nous détaille tout cela avec passion et nous comprenons que devenir un bon ouvrier demande plusieurs années!
Le passage à la boutique nous permet d’apprécier le travail!

Le champ de bataille:

Après la défaite de 1870, le Général Séré de Rivière établi le long de la nouvelle frontière les places fortes de Toul, Épinal, Belfort et Verdun.
Verdun devait protéger la route de Paris, ce qui fut fait au prix de la vie de plusieurs centaines de milliers de  victimes!

Pour le Kronprinz, Verdun, la ville mythique au temps de Charlemagne, prise en 1792 et en 1870 est un symbole.
Elle doit être conquise par un déploiement de force tel que la France demandera la fin de la guerre ; en grand secret un arsenal de plus
1250 pièces d’artillerie est installé et camouflé par les Allemands  sur un front de 20 km.

Le fort de Douaumont, non terminé en 1914, est peu armé en artillerie et le Général de Castelnau, alerté par des rapports commence la défense mais trop tard!
La bataille commence le 20 février et Douaumont est investi par les Allemands le 25 février et ne sera reconquis que fin octobre 1916  après des mois de combats acharnés.
Ce dédale de longs couloirs, de tunnels, salles, de «coffres » à canons,  prévu pour abriter une garnison d’environ 900 hommes est une véritable ville avec dortoirs, cuisines, hôpital, réserves de vivres et d’eau.

Nous quittons Douaumont avec émotion en pensant à toutes ces vies perdues y compris celles des 1000 à 1200 Allemands tués le 8 mai 1916 lors de l’explosion en chaine de dépôts de munitions.

Après le déjeuner, nous partons vers  le mémorial de Verdun, l’exposition est riche en témoignages de la vie des poilus, de leur ingéniosité à faire face à la tragédie, de leur volonté de rester des hommes malgré tout.

L’ossuaire de Douaumont est un lieu de recueillement où sont conservés les ossements  trouvés partout sur le territoire  et non identifiés, sans distinction.
Monseigneur Gineste, dès la fin de la guerre voit avec effroi les restes humains éparpillés et parcours la terre entière en quête de fonds.
Le monument n’est terminé qu’en 1932, il contient environ 130 000 corps.
Sur sa voute est inscrit le nom des familles ayant participé  au financement  ainsi que le nom de leurs morts, le nom des villes, des associations, le dallage est orné de 20 croix de guerre, de la représentation de la légion d’honneur et de la médaille militaire ainsi que le nom des villages détruits et jamais reconstruits.
Un monument est érigé à proximité en mémoire des nombreux musulmans tués  à Verdun.
Le cimetière de Douaumont rassemble plus de 16 000 tombes chrétiennes, juives et musulmanes.
Nous quittons ce lieu émus et conscients de leur sacrifice.

La Citadelle de Verdun

Après la prise de Metz, Toul et Verdun en 1552, Henri II veut faire construire une place forte mais la construction s’étalera jusqu’à l’ère Vauban!
Avec la construction du Fort de Douaumont, la citadelle bien que partiellement armée n’a plus qu’un rôle logistique qui sera indispensable aux Français pendant la bataille de Verdun!

Cet immense réseau ( 16 à 20m sous terre ) de plus de 7 km de long sur 6 de large que nous visitons en «petit train» très moderne est une ville : boulangerie (40 000 rations /jour ), cuisines, hôpital, poste, central téléphonique, salles d’états-majors, chapelle Notre Dame des Casemates, commissariat de police et bien sûr les stocks de munitions, de vivres, etc.

Nous pouvons voir de magnifiques salles voutées et terminons par la reconstitution du choix, par le caporal Auguste Thion du 132 RI du soldat inconnu qui repose sous l’Arc de Triomphe depuis le 10 novembre 1920. Les sept autres inconnus sont auprès de leurs compagnons au cimetière militaire du faubourg Pavé à Verdun. 

La rive gauche de la Meuse:

Une zone classée rouge car considérée comme cimetière et dangereuse par les munitions encore présentes.

Le Mort Homme et sa jumelle la cote 304 sont des points stratégiques pour l’observation et de mars 1916 à septembre 1917, seront l’objet d’attaques et de contrattaques.
Le 20 mars 1916, un déluge de feu s’abat sur les positions Françaises  qui sont perdues en grande partie.
Les Allemands relancent l’offensive en juin 1917 et l’état-major Français décide une opération importante qui débutera le 20 aout 1917 et terminera vers le 15 septembre par une victoire Française.
Verdun était dégagé sur les deux rives de la Meuse au prix de lourdes pertes!
Deux monuments sont érigés : le monument du Mont Mort, squelette sanglant et réaliste avec la légende «ils n’ont pas passé » et celui de la cote 304 où sont inscrits les noms de tous les régiments ayant participé à ces jours terribles!

Nous continuons notre visite par la butte de Vauquois, théâtre de la guerre des mines ; les deux armées se faisaient face et ont creusé des galeries (17 km pour les Allemands  et 5 pour les Français) et plus de 500 explosions transforment la colline en immenses  cratères.
La mine allemande du 14 mai 1916 avec 60 tonnes d’explosifs fait 108 morts du 46ème RI.

Les galeries sont entretenues par des Bénévoles.
La colline contient de nombreuses entrées de galeries et d’abri.
Le village dont on voit quelques vestiges est reconstruit plus bas.

 La tour de Montfaucon
Inaugurée en 1937 en l’honneur des soldats Américains tombés pendant la bataille  de «Meuse/Argonne» du 26 septembre 1918 au 11 novembre 1918, elle s’élève à 60 m au-dessus des ruines du village de Montfaucon.
Le cimetière s’étend sur 52 hectares et contient environ 14 000 tombes en marbre dont une ornée de la médaille d’honneur, la plus haute récompense militaire américaine décernée Freddie Stowers, de Caroline du Sud, tué le 28 septembre 1918.

Le fort de Fermont:
Construit de 1931 à 1934, il fait partie de la «ligne Maginot».
A
l’entrée, un monument rappelle que Fermont attaqué début juin 1940, ne se rend à l’ennemi que le 27 juin sur ordre du commandement  français, ainsi que la majorité des forts de la ligne Maginot.
Nous descendons à l’aide d’un monte-charge à plus de 30 m sous terre et visitons avec un petit train d’époque les postes  de combat dont un avec tourelle de 75, le casernement de la troupe et des officiers, les groupes électrogènes, le circuit de décontamination de l’air.

A l’extérieur, un musée contient de nombreuses pièces d’artillerie et des véhicules.

Le fort de Fermont est entretenu par des bénévoles qui travaillent sans relâche! 

Nous voici à la fin de notre séjour à Verdun et nous sommes tous conscients des souffrances des millions d’hommes ayant pris part à cette guerre épouvantable mais qui, hélas, ne sera pas la «der des der» comme le souhaitaient les survivants!

Notre retour vers Bordeaux se fait  comme à l’allée avec la gentillesse de notre chauffeur!

Merci à Michelle Artigue de nous avoir permis de voir ce dont on parle depuis l’école primaire!

Vous pouvez apprécier ce récit  grâce au texte de Jackye Griffon et aux photos d’Annick Remazeilles.