Vianne

Sortie à Vianne                                                                                                                                                                                                                                              Mars 2017

Le temps frisquet et pluvieux n’a pas gâché le plaisir de notre balade en Lot et Garonne.
La journée débute par la visite du Musée de la verrerie de Vianne, commentée par Mr  Christian Pointer passionné par l’histoire du verre en général et par celle de la verrerie en particulier.

A l’arrêt depuis des années, la verrerie de Vianne est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Les rumeurs et les légendes populaires vont bon train depuis la fermeture définitive de la verrerie, il y a près d’une dizaine d’années. Il faut dire que l’usine fait partie du patrimoine de la commune, mais aussi de l’Albret tout entier. Des générations se sont succédées au sein de la verrerie, alors évidemment, le sort de la bâtisse en inquiète plus d’un.
Un homme a décidé de se lancer dans la sauvegarde de ce patrimoine industriel : Christian Pointer qui dit « Je ne vois pas Vianne sans sa verrerie ».
Ce Néracais qui travaille dans l’informatique a choisi de créer, en 2015, une fondation, le Fonds de dotation de la verrerie. A travers celle-ci, il compte bien lui donner un nouveau souffle.
Pour ce travail colossal, aidé seulement par des anciens qui connaissent l’intérêt des pièces et leur utilisation, il trie, nettoie, garde le contenu de 4000 m² d’entrepôts ! Car il a découvert un stock  immense et la boutique est bien fournie en lampes, suspensions et objets de décoration !
Cette verrerie, fleuron de l’industrie verrière de France, débute en 1920 lorsque la famille Laubenheimer veut produire bouteilles et verres pour ses bières ; la production ne dure qu’une dizaine d’année.
Avec la venue d’un  directeur Tchèque, suivi par un grand nombre de ses compatriotes, experts dans l’art de tailler verre et cristal, débute la fabrication décorative mais sans oublier le côté industriel car nombre de pièces utilisées en électricité sortent de ses fours.
Malgré le départ de certains Tchèques à la fin de la guerre 39/45, la verrerie continue avec la venue d’Italiens, de Portugais spécialistes  eux aussi dans la taille du verre et de cristal sans réussir une percée dans le luxe !
A la période faste, un millier d’ouvriers travaillaient à Vianne ; tous les métiers s’y trouvaient (dessinateurs d’art, fondeurs, ajusteurs, ingénieurs… ) car presque tout était fait sur place !
Des centaines de moules sont exposés.
Le coût de l’énergie et la concurrence étrangère donnent un coup fatal à cette industrie, les fours s’arrêtent en 2009 !
Verrerie traditionnelle réputée à travers le monde entier pour la qualité de sa verrerie d’art, Vianne est le berceau d’un art ancien perpétué encore aujourd’hui : l’art du verre soufflé à la bouche.
C’est le premier musée français du verre soufflé bouche avec présentation des techniques de fabrication du verre et du savoir-faire des maîtres verriers.Nous remercions Mr Pointer pour sa disponibilité, ses explications techniques et historiques.

Départ vers  Montgaillard, découvrir la ferme auberge d’un ancien rugbyman, Jean Pierre Caillaud, qui a repris la ferme en 1986, développé l’exploitation avec l’élevage et le gavage des canards. Sa conserverie, au pied de la ferme, lui permet de gérer de A à Z son élevage et la transformation des canards. La soupe nous réchauffe, les produits de la ferme sont appréciés, sans parler de l’armagnac en fin de repas !!
Un petit parcours au milieu des champs, des  haies fleuries, les champs prennent leurs couleurs de printemps, et nous arrivons à la bastide de Vianne où notre guide nous attend.

 

La visite commence par l’église romane, dont on ignore l’origine, agrandie par une partie gothique ; sur cette construction des signes gravés posent questions aux historiens de même que les tombes médiévales qui se trouvent dans l’ancien cimetière. Certains parlent de signes templiers, de souterrains, de trésor ! Place aux rêves et à l’imagination !
L’histoire de Vianne commence vers 1275.
La seigneurie de Montgaillard (nous avons pu voir les ruines de la forteresse) appartenait à Vianne de Gontaud, petite fille d’Henri, seigneur de Biron qui avait épousé, sans grand bonheur, Amanite VI d’Albret puis Hélie de Castillon ; elle avait fait annuler ses deux mariages par le pape sous différents prétextes ! Le divorce n’était pas encore là et il fallait bien se  débrouiller !
Mais Hélie de Castillon se résigna plus facilement du départ de sa femme que de la perte de sa dot ! Un long procès suivit, perdu par Hélie de Castillon en 1279.
Retirée au couvent des frères prêcheurs de Condom où elle mourut en 1281, elle avait fait don de ses biens  en 1275 à son neveu Jourdain de l’Isle.

Celui-ci avait prêté serment, le 10 août 1279 à Agen au Roi d’Angleterre, Édouard Ier, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine qui venait d’obtenir la restitution de la dot d’Aliénor ! Le duché d’Aquitaine devint anglaise avec le mariage de sa grand-mère Aliénor avec Henri II  d’Angleterre (après l’annulation de son mariage avec Louis VII de France!).
Débute alors un jeu serré entre les représentants du Duc-Roi et les seigneurs de Gascogne ! Les  seigneurs, anciens vaisseaux des comtes de Toulouse, loin du roi de France, ne voulaient pas perdre leurs prérogatives et leur liberté.

La bastide de Vianne fut fondée le 21 septembre 1284 par un acte de paréage entre Jourdain de l’Isle et le sénéchal de Guyenne Jean 1er de Grailly représentant du duc d’Aquitaine Édouard 1er d’Angleterre.
Il convenait donc de rassembler la population dispersée pour mieux les protéger, pouvoir collecter les diverses taxes, la création de ces nouvelles villes sous domination anglaises fût  décidée et décrite dans une «Charte de coutume «  signée le 18 avril 1287 à Bordeaux.
C’est un très long document qui décide de tout : le prix du sol, le montants des taxes , le pouvoir des consuls (ancêtres de nos conseils municipaux ) , choisis par le bayle ( représentant le roi d’Angleterre ) chaque année à la St Michel , qui va de l’entretien de la voirie à la justice , le jour de marché, le prix de vente des denrées ,du droit des parents de marier leurs filles à qui ils veulent ( pas question du désir des filles!), des immondices dans la rue ,des injures , de l’adultère etc.

L’acte de fondation est signé en 1284 à Montgaillard et Vianne, nommée ainsi par Jourdain de L’Isle, pour honorer sa tante, se construit à Ville longue où se trouvait déjà une église et un moulin que faisait tourner une « paysagère «, ancêtre des barrages.
Le plan de Vianne est identique à celui des autres bastides : place centrale, rues perpendiculaires ; habitations, jardins potagers, exploitations agricoles  de superficie égale pour tous . Entourée de remparts, flanquée de quatre tours coiffées de Hourds de défense  mais bâtie en plaine contrairement à d’autres bastides, Vianne ne connut pas la prospérité attendue.
La guerre de cents ans débute à Vianne en 1326 par une attaque des Français et passe de mains en mains jusqu’à la fin des combats.
Vianne se trouve aussi au milieu des guerres de religions car Monluc écrasa les Huguenots en 1562, faisant plus de 300 morts que fit enterrer le juge de la bastide !
La peste, certainement entre 1630 et 1653, décima la population et la rue Noire en perpétue le souvenir.

Notre journée, bien remplie, se termine et nous repartons vers Bordeaux avec une moisson d’anecdotes racontées par notre guide !

Merci à Michelle Artigue de nous avoir fait connaître ce coin de notre Sud-Ouest si riche en personnalités et en lieu chargés d’histoire !

Récit et photos de Jackye Griffon et Alain Caminade.